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7 janvier 2024
Devenir commerçant, et arrêter.
Le début de l'aventure
En 2015, après la revente de mon logiciel Ubinect, j'ai convaincu ma camarade Héloïse qu'ouvrir un magasin Kodak dans une galerie commerciale Cora en périphérie de Lille était une idée à tester. Le marché de la photographie argentique était au plus bas, mais j'avais senti que nous avions atteint le fond sur les ventes de pellicules et qu'elles n'allaient pas tarder à remonter - un peu.
C'était une idée superbe mais un mauvais emplacement. Nous y avons laissé quelques plumes avant de trouver un repreneur plus rodé à cet environnement particulier de la galerie marchande.
Défis et croissance
Quelques mois après l'ouverture du premier lieu, l'un des deux laboratoires photo de Lille faisait faillite. Une aubaine, qui deviendra ma première expérience de reprise d'entreprise à la barre, de travail avec les créanciers et le tribunal de commerce pour pérenniser un fonds de commerce, et un emploi.
Au moment du rachat en juillet 2016, l'affaire faisait 100 000 € de chiffre d'affaires (avec un magasin). Au moment de la revente en 2024, elle était arrivée à près de 800 000 € (de nouveau avec un seul magasin). Une croissance importante assortie de 6 créations d'emplois, dans un secteur que beaucoup considéraient comme moribond.
Nous avons compris comment continuer de produire des tirages photo argentiques en centre-ville quand les fabricants et les fournisseurs eux-mêmes nous disaient que ce n'était plus possible. Nous avons survécu à l'arrêt de la production de films argentiques couleur par Fujifilm. À l'arrêt par Kodak de la production de sa chimie professionnelle. À la faillite de plusieurs fournisseurs de matières premières et de matériels. En tenant nos achats et en augmentant nos volumes, nous avons su rester compétitifs.
Impact local et diversification
Nous avons ainsi créé un mix de revenus allant de la photo d'identité minute au tirage d'art pour des galeries, en créant et maintenant des emplois qualifiés. En centre-ville. Notre présence a contribué à préserver des compétences rares en photographie argentique, devenant un point de référence pour les amateurs et professionnels de la région.
D'une première boutique à Wattignies, une deuxième à côté de la rue Gambetta, nous avons finalement ouvert l'écrin rue Pierre Mauroy fin 2019, pour y finaliser le transfert de nos activités en 2022 - après quelques travaux d'aménagement.
Je suis fier d'avoir partagé cette aventure avec Héloïse, qui a racheté mes parts pour écrire une nouvelle étape de cette histoire. Depuis la fin 2019, je m'étais mis en retrait, pour me concentrer sur Malo, ma nouvelle startup dans le domaine de l'intelligence artificielle.
Merci à notre équipe et particulièrement à Valéry qui était là, avant nous, dans ce fonds.
L'expérience du commerce de proximité
L'idée en 2015 était de voir si nos connaissances de gestion d'entreprise étaient transposables à la gestion d'une boutique. La réponse est oui.
Ce qui était nouveau et ce que j'ai apprécié, c'était le contact direct avec la clientèle. Contrairement au numérique, le retour des clients sur nos produits et nos tarifs se lit directement sur leur visage !
Les réguliers deviennent des amis. En tant que commerçant, vous vous intégrez dans le quartier, votre vitrine fait rapidement partie intégrante du paysage.
Leçons et réflexions
Cette aventure m'a appris l'importance de l'adaptabilité et de la résilience en affaires. Naviguer dans un secteur en déclin apparent nous a forcés à innover constamment, à être très compétitifs sur nos achats et surtout à rester à l'écoute de notre clientèle.
Ces compétences se sont avérées précieuses dans mes projets ultérieurs, renforçant ma conviction qu'avec de la passion et de la persévérance, on peut réussir même dans les marchés les plus challengeants.
Fin d'une parenthèse, début d'une nouvelle.