Mon parcours dans la santé numérique

La santé numérique fait aujourd'hui partie intégrante de notre quotidien, mais son histoire remonte à plusieurs décennies.

Je souhaite partager avec vous mon parcours personnel dans ce domaine, qui commence dans les années 90 avec un père kinésithérapeute particulièrement connecté !

Les premières graines : un père précurseur

Tout commence avec mon père, masseur-kinésithérapeute et passionné d'informatique. Au début des années 90, il fait figure de pionnier en s'équipant d'un ordinateur portable Compaq (doté d'un processeur Intel 286) et d'un modem 14400 bauds.

Sa motivation ? Simplifier la transmission des factures et accélérer les remboursements, qui pouvaient prendre des mois, voire des années à l'époque.

C'était aussi une opportunité merveilleuse pour moi : celle d'avoir un ordinateur à la maison.

L'évolution technologique à la maison

Notre équipement familial évolue au fil des années : le modem 28k est flashé jusqu'à atteindre 56k, puis vient l'ère de la ligne Numéris.

Cette période marque mon entrée dans l'univers numérique, notamment à travers le jeu Quake, qui occupe quelques unes de mes heures de loisir.

Le projet SESAM-Vitale : une révolution française

Le projet de carte Vvtale représente une innovation majeure avec plusieurs objectifs ambitieux : - Soutenir l'industrie française de la carte à puce - Numériser à la source les factures des professionnels de santé - Accélérer les remboursements des assurés - Lutter contre la fraude

La gestation a été longue, mais le point est que la télétransmission (notamment par les pharmacies) était déjà en place avant la mise en place de la carte.

Les coulisses techniques de la télétransmission

Un aspect méconnu du système : les factures générées après lecture de la carte Vitale utilisent un protocole appelé B2, transmis via email (SMTP). Ce choix technique, bien que simple en apparence, cache une infrastructure complexe :

  • La création du RSS (Réseau Santé Social) pour le transport des données en période pré-ADSL
  • L'établissement du GIE SESAM-Vitale au Mans comme organisme de gouvernance neutre, avec les mutuelles et assureurs comme actionnaires
  • Le développement de protocoles et règles de calcul précis pour les remboursements
  • La mise en place du CNDA (Centre National de Dépôt et d'Agrément) pour le contrôle qualité

Mon parcours personnel

Durant mes années de collège et lycée (1993-2003), je deviens naturellement le support technique familial, découvrant au passage les langages Perl et C. Après mes études à Paris, je rejoins France Télécom R&D à Lannion puis l'INRIA à Lille, où ma vision du futur des logiciels médicaux se précise : tout doit passer en ligne !

La naissance d'ubinect

En 2009, avec mon associé Nicolas, nous créons la SAS 9H37 et développons ubinect.

Notre défi : concevoir le premier logiciel web de télétransmission Vitale, en utilisant le framework Django. L'innovation majeure consiste à piloter un lecteur de carte Vitale depuis le navigateur, ce qui nécessite le développement d'un serveur web local compatible avec Windows, Mac et Linux.

Les défis de l'innovation

La présentation à l'agrément en 2012 marque une étape cruciale. Premier logiciel conçu from scratch depuis des années, première solution web du secteur, nous devons faire face aux exigences de "consistance" du GIE et du CNDA.

Malgré quelques compromis sur l'expérience utilisateur (à savoir, ajouter des étapes et donc des clics, qui nous seront lourdement reprochés par nos utilisateurs après), nous réussissons à déployer notre solution, qui sert aujourd'hui des dizaines de milliers de professionnels de santé.

En 2015, des contraintes liées à la croissance de l'activité nous invitent à fusionner avec les équipes de Sephira/Orisha.

Conclusion

Cette aventure dans la santé numérique (terme que je préfère à l'anglicisme e-santé - même si je ne suis loin d'être le dernier à l'utiliser !), commencée dans mon enfance, continue de me passionner.

Une fois qu'on a goûté à ce secteur, même par le biais de la facturation, il est difficile de trouver autant de sens ailleurs.

Créer des outils pour les patients, pour les médecins, c'est impacter directement leur santé, donc leur vie.

C'est pourquoi, aujourd'hui encore, je continue d'œuvrer dans ce domaine en constante évolution : mais cette fois-ci, au niveau des individus eux-mêmes !